atelierphilippemadec Architecture, urbanisme
Laboratoire irb Signalétique, design, mobilier
Gilles Clément + Coloco Paysage
Tribu conseil Développement durable
C&E Ingénierie Structures
Igrec Ingénierie Ingénierie générale, économie de la construction
Kahle Acoustics Acoustique
Ampère Assistance à l'exploitation maintenance
Atelier Hervé Audibert Conception lumière
Citec Études de mobilité
Carine Merlino Synthèse
lagraph. Graphisme
Réunion des Musées Nationaux, OPPIC , assistant du maître d'ouvrage
Les principes :
1_ Le Grand Palais : L’instrument est là, magnifique; il convient de le réaccorder, l’accorder à la métropole et aux usagescontemporains. Et finalement de s’y accorder, pour concilier les lieux de cette pièce patrimoniale unique et les attentes légitimes d’une multitude à ré-enchanter. Un axe urbain est inventé au travers du Grand Palais depuis les Champs-Elysées jusqu’à la Seine pour articuler les axes royal (les Champs) et républicain (Palais de l’Elysées/Invalides). Il croise celui architectural intérieur, de la Grande Nef au Palais d’Antin. Leur rencontre est le coeur du projet : un foyer cardinal prend forme dans le bâtiment intermédiaire. L’ensemble du programme s’organise autour de ce noyau central.
2_ (A)ménager _ Le patrimoine comme ressource : Aménager, c’est ménager le déjà là et son avenir, les rapprocher, les autoriser. Ici c’est renforcer la valeur patrimoniale de cette sublime pièce qu’est le Grand Palais, et l’ouvrir à la possibilité de plusieurs avenirs. A l’aune du développement durable, le patrimoine est une ressource et une énergie à ne pas dilapider. Dans le bâtiment intermédiaire, les anciennes rampes à chevaux sont conservées et aménagées en escalier. Dans la nef et les galeries, une déconstruction des aménagements ajoutés depuis la création du bâtiment est effectuée en conservant et optimisant au plus large les éléments structurels et les volumes ; les verrières supprimées ou cachées sont restaurées,
comme les vues existantes vers la nef et le paddock depuis les galeries, pour retrouver la lumière.
3_ Maintenir le vide ouvert : Pour s’accorder au Grand Palais et autoriser son plus grand avenir, nous maintenons le vide ouvert au sens où l’écrivait Peter Handke dans Images du recommencement : « Maintenir le vide ouvert, ce serait l'art suprême ».
Les outils :
4_ L’ampleur : L’ampleur est la réalité fondatrice du Grand Palais. Le projet spatial de l’ampleur pérennise les valeurs propres au Grand Palais et favorise ses avenirs. Il s’agit de déployer, d’optimiser les volumes existants. Tout est mis en oeuvre, à l’intérieur, pour en conserver les dimensions exceptionnelles, et étirer le plus largement possible leurs spatialités spécifiques, à l’extérieur, pour ouvrir les Champs Elysées à la Seine. Ce qui encombre est retiré.
5_ L’espacement / la crue intérieure : C'est un travail d'écartement, qui ouvre des vides, les libère à l'arrivée de la vie quotidienne. Nous dégageons des vides à habiter, dans un travail d’espacement. Nous sommes des aménageurs du monde déjà là. Nous participons à un essor intérieur. En fractionnant le monde fini, nous le dégageons, nous l’ouvrons en une infinité de mondes.
6_ La réversibilité : Le projet est réversible, construit en filière sèche (bois, acier, verre). Sa démontabilité rendra simple son évolution ultérieure (« pour les générations futures »). Le lourd (la pierre, la fonte, l’acier) et le pérenne, c’est l’existant, le Grand Palais déjà là. Le léger et le durable un temps (même long), c’est le projet : il projet est mobilier. De la sorte, les apports contemporains ne troublent pas la lecture des éléments patrimoniaux sculptés, courbes et massifs.
7_ La lisibilité et la clarté : La lisibilité des espaces autour du foyer cardinal, à partir des grands axes et perspectives, ouverts sans complication ni vaine tentative de compétition avec le Grand palais, apportera une clarté à l’ensemble du monument. Cette clarté sera supportée par une présence abondante de la lumière du jour, zénithales ou de vues ouvertes sur la nef et Paris.
8_ La flexibilité : Les interventions utilisent le moins possible de matière, se vissent et se boulonnent, assemblent des éléments comme on ajoute des boites à habiter entre les planchers existants. Une spatialité et une esthétique naissent là, légère, de passage. Les éléments architecturaux apportés pour délimiter les nouveaux espaces demandés au programme combinent mobilier, lumière et signalétique. Les nouveaux volumes intérieurs sont indépendants et autonomes des structures existantes. Les aménagements apportés sont flexibles, basés sur la mobilité des séparations, sur des structures qui ne déterminent pas l’utilisation des lieux, sur une légèreté qui favorisent les adaptations, dès à présent et à venir.
9_ La retenue : L’écriture retenue des apports est volontaire. Il s’agit d’accroître la capacité d’accueil du Grand Palais, pour maintenir vive sa parole fondatrice. Elle sert à accompagner au mieux les lieux existants et à en libérer les usages. Le dispositif architectural est fort spatialement et réservé formellement ; cette réserve accroît l’ampleur du dispositif, préserve sa clarté et sa lisibilité. Si un dispositif signalétique, lumineux, mobilier et technique, est installé partout pour répondre aux attentes et rendre le Grand Palais approprié à ses multiples usages, il n’en occupe pas les lieux.
10_ L’appropriation : « Maintenir le vide ouvert », c’est autoriser la plus grande appropriation qui soit, pour un projet approprié à ses usages et par ses usagers, pour autoriser une réimplantation aisée et efficace du Palais de la Découverte, pour permettre toutes les dispositions d’exposition pour les Galeries Nationales et pour maintenir, grande ouverte, la liberté d’installation dont chaque manifestation a besoin. L’usage est la base de l’accord entre le bâtiment et son avenir, entre le projet et ses utilisateurs.